PARIS, 19 mars 2012 (AFP)
Question : Qu’attendez-vous du président après son élection ?
Réponse : "Le président devra construire une politique nationale, globale et ambitieuse pour l’enfance, dans laquelle la question de la jeunesse en difficulté aura sa place et sera considérée comme un pari nécessaire sur l’avenir. La protection de l’enfance devra être, enfin, considérée comme une priorité dans une société mobilisée vers les générations futures.
La question de la délinquance juvénile devra aussi être traitée avec lucidité, courage et responsabilité en valorisant les réponses éducatives éprouvées et en écartant les solutions expéditives et sans lendemain".
Question : Que devra-t-il faire en premier ?
Réponse : "Affirmer des choix clairs en matière de justice des mineurs par l’abolition immédiate du tribunal correctionnel pour les mineurs et des peines planchers. Ces dispositions sont en effet inutiles et nocives, car elles tendent à exclure plus qu’à insérer.
Le président devra revenir sur la baisse du budget alloué à la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) pour mettre à la disposition des juges des enfants des solutions éducatives diversifiées et réactives.
Les établissements "contenants" nécessaires (centres éducatifs fermés, entre autres), doivent coexister avec des structures ouvertes, l’accès au soin psychique doit être facilité, les suivis en milieu ouvert renforcés.
L’accompagnement des jeunes majeurs en difficulté doit être rétabli pour prévenir le décrochage d’une tranche d’âge particulièrement vulnérable.
Après pas loin de 10 réformes du droit pénal des mineurs en 10 ans, il faut redonner à la matière sa cohérence pour l’adapter aux besoins des adolescents, des familles et de la société.
La prévention doit rapidement être revalorisée, en particulier dans les quartiers populaires. L’intervention policière à l’égard des plus jeunes doit aussi être spécialisée pour remédier aux tensions et à la défiance mutuelle".
Question : Qu’est-ce qu’il ne devra surtout pas faire ?
Réponse : "Dénier la spécificité de l’enfance en appliquant à l’enfant ou l’adolescent un droit identique à celui des majeurs, déconstruire la spécialisation du juge des enfants, clé de voûte de notre système de justice des mineurs, modèle reconnu et repris à l’étranger.
L’alignement du droit de l’enfant sur celui des majeurs est un signe de renoncement et de perte de confiance des adultes dans leur rapport aux plus jeunes. Il sacrifie le « risque de la réussite » à la « certitude de l’échec » dans le domaine, entre autres, de la prévention de la récidive. Le président ne devra plus jamais exploiter le fantasme de la peur de l’enfant".
Propos recueillis par Annie THOMAS