Cet après-midi-là, l’atmosphère fut chaleureuse, détendue, dans la douceur d’une fin d’été à la campagne. Marige, Thierry, Singov et moi nous entourions Alain, certes affai- bli physiquement, mais toujours aussi percutant intellectuellement, sans se départir de son humour analogue à celui du doyen Carbonnier. Je le revois dans son fauteuil souriant, malgré la conscience aigüe de ses maladies. Oserai-je dire que j’emporte avec moi l’image d’un homme serein si près de ses derniers instants ? Sérénité à laquelle Marige, sa compagne de toujours, n’était certainement pas étrangère. Ils nous ont d’ailleurs, avec tendresse et gaieté, tous deux conté leur première rencontre.
Ce jour-là encore, il a su être un guide, un exemple, comme il l’a été tout au long de ma carrière de juge des enfants. Tant à Versailles, dans le début des années 80, qu’à Pa- ris, la porte de son cabinet n’était jamais un obstacle et nous pouvions, sans crainte d’être éconduits ou évalués, venir lui confier nos hésitations, nos difficultés. Il nous aidait alors à élaborer autour de nos cas, à nous en dégager par la pensée, tout en étant à l’écoute de nos découvertes, comme en témoigne son soutien actif à l’introduction des intermédiations culturelles devant le juge des enfants.
Merci Alain, de nous avoir constamment rappelé, par ton action et surtout par tes écrits, que la fonction de juge des enfants nécessite : écoute bienveillante de l’autre, ré- flexion, ouverture, remise en question constante et parfois la nécessité de faire un pas de côté.
Tu resteras parmi nous comme une référence.
Martine de Maximy
29 septembre 2015